M. Di Antonio (cdH).

Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, mon collègue vient d'évoquer la suppression des trains, les conséquences et les économies qui devraient en résulter au niveau de la SNCB. Je ne vais pas revenir là-dessus. Je vais simplement insister sur le fait qu'effectivement le Hainaut semble relativement bien touché, même si chacun dans sa région voit les choses d'un angle différent.

Ces suppressions paraissent contradictoires alors qu on prône l usage des transports en commun et que le nombre de voyageurs transportés est en augmentation. De surcroît, pareille mesure porte, il me semble, atteinte aux missions de service public de la SNCB. Cette décision ne sera pas sans implication pour la mobilité en Région wallonne. Lors du débat mené au mois de juin dernier au sein de ce parlement, vous précisiez que si une suppression de lignes était décidée, et je vous cite : « Cela ne pourrait se faire que moyennant une forme de compensation permettant de mettre en place des alternatives».

Qu'en est-il Monsieur le Ministre ? De quelle manière avez-vous été consulté, concerté ? Il semble que cela soit peu le cas. On peut regretter l'absence totale de concertation et de discussions. C'est ce que l'on constate sur le terrain de manière très pratique entre la SNCB et le TEC. Souvent, nous sommes confrontés en bout de ligne train à un manque de communication et un manque de complémentarité de ces deux services publics.

Cette suppression nous impose de nous questionner sur les alternatives offertes aux navetteurs. Si l'usage du train est devenu impossible, un autre transport public doit prendre le relais. La seule alternative est le bus. En y regardant de plus près, pour ma région, autour de la gare de Mons, je me rends compte que l'effet de ces suppressions va être d'augmenter encore le trafic de véhicules vers la gare principale, de Mons ou de Saint-Ghislain. Ce qui est déjà près problématique aujourd'hui où il faut un temps énorme pour rejoindre ces gares tôt le matin.

Je m interroge sur les moyens pouvant être mis en oeuvre par la Région wallonne alors que la diminution de l offre de transport dans les TEC est apparemment également d actualité.

Monsieur le Ministre, qu en est-il ? Le contrat de service public, toujours en négociation, prend-il en compte ces éléments ? La suppression des lignes SNCB est-elle prise en compte ? Quels sont les moyens mis en oeuvre?

Lors d'un débat en radio, j'ai entendu un des responsables de la SNCB répondant aux questions d'un citoyen sur l'opportunité d'investir largement, notamment dans les gares, dire que ce n'était pas la même enveloppe, ce n'était pas les mêmes sous. C'est difficile à expliquer et à faire comprendre aux gens que finalement on investisse autant dans certains projets, plus qu'ambitieux, exagérés à mon avis, et que nous ne sommes pas en mesure de garder un service minium, d'entretenir les voies et les petites gares ou encore de respecter les horaires. Dire que cela appartient à un autre budget que la SNCB, c'est quand même une enveloppe globale pour les services publics en Belgique et pour les services de transports, pour le chemin de fer.

M. Henry, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité.

Merci Madame la Présidente, merci Messieurs les députés. Le couperet est effectivement tombé puisque des rumeurs faisaient état d'un risque de suppression de plus de 300 trains. Vous avez appris, comme moi, que le Conseil d'administration a donné son feu vert pour une suppression de 193 trains dès le mois de décembre. Je ne peux évidemment que le regretter. J'entends, comme justification, l'utilisation de l'argument écologique, dans le sens où il serait plus néfaste de faire rouler un train peu fréquenté que de prendre sa voiture ou le bus. C'est un argument dont il faut se méfier grandement. S'il peut éventuellement être vrai dans certaines situations en cas de fréquentation extrêmement faible d'un train, il faut se méfier de la détérioration de service que cela implique, amenant un certain nombre de voyageurs à se détourner de l'utilisation du train parce que certains créneaux horaires sont supprimés et qu'il n'est pas toujours possible de prévoir l'horaire d'usage précis qu'on souhaite faire des trains.

D'autre part, la justification économique est également avancée. Si je peux comprendre que la SNCB soit à la recherche d'une meilleure performance de ces dessertes en travaillant sur un meilleur taux de couverture et donc qu'elle puisse apporter à la marge des adaptations de son offre, je ne peux que regretter des diminutions significatives d'offre de service ferroviaire, alors que nous vivons depuis des années une augmentation incessante de la fréquentation. Il serait souhaitable que la SNCB, comme vous le dites M. Di Antonio, puisse apporter des compensations lorsqu'elle envisage de supprimer certaines relations, surtout s'il s'agit de les faire passer sur d'autres modes de transport.

En matière de coût et de qualité de service, je déplore l'attentisme de la SNCB concernant la question de l'introduction de matériel ferroviaire plus léger sur certaines relations. C'est la question que nous évoquions tout à l'heure avec M. Crucke. Cela permettrait en effet une réduction significative des coûts d'exploitation avec une formule plus souple.

En ce qui concerne la question du remplacement de ces dessertes par des bus, je crois qu'il ne faut pas tomber dans le piège qui consiste à croire qu'une relation ferroviaire pourrait être facilement et systématiquement remplacée par une desserte par bus. Si cela a été réalisé par le passé de manière tout à fait exceptionnelle, notamment sur la ligne 163 Libramont-Bastogne, je ne crois pas que cela puisse être généralisé à l'ensemble de ces suppressions, car le transport ferroviaire offre souvent un service mieux adapté à l'enclavement de certaines zones, en particulier en hiver, et n'est pas soumis aux aléas de la congestion routière que ne peut l'être le transport par bus. C'est donc un autre type de transport et on ne peut pas les substituer de manière aussi immédiate.

Je pense donc qu'en tenant compte de l'existence d'une infrastructure ferroviaire, le bus doit pouvoir desservir et compléter les dessertes ferroviaires. Je rappelle que c'est aussi ce que nous souhaitons inscrire dans le contrat de service public: demander que l'offre de bus s'inscrive de manière complémentaire à l'offre ferroviaire et non pas en concurrence.

En tout état de cause, si de tels remplacements devaient se faire, il reviendrait à la SNCB d'assurer la charge financière de ces nouvelles dessertes. À cet égard, le comité de direction de la SNCB aurait été chargé d'étudier les possibilités de remplacement des trains supprimés par des bus. Des contacts devraient être prochainement pris avec la SRWT. Nous attendrons de voir ce qu'il ressort de ces contacts. Même si les mesures d'austérité décidées par la SNCB et ses filiales se succèdent, force est de constater que cette décision tombe au plus mauvais moment, en l'occurrence cette période d'élaboration du nouveau contrat de service public du groupe TEC. Et à un moment aussi où les moyens budgétaires régionaux sont rares. Il est clair que cela n'est pas une bonne nouvelle que la suppression de ces différents trains.

Pour ma part je crois qu'indépendamment des enjeux liés au futur plan pluriannuel d'investissements, dont nous avons parlé ce matin, le débat sur l'ampleur des missions de services publics concédées à la SNCB devra prochainement être ouvert entre les autorités fédérales et la Wallonie, faute de quoi nous risquons de voir se dégrader lentement mais sûrement la qualité de l'offre ferroviaire. Dès lors, je prendrai l'initiative d'interpeller le ou la futur(e) Ministre en charge du transport ferroviaire dans le Gouvernement fédéral qui ne devrait plus tarder d'être désigné, je suppose, en fonction des négociations qui sont en cours.

M. Di Antonio (cdH).

Monsieur le Ministre, au-delà du constat de la mauvaise nouvelle, nous comptons sur vous pour faire valoir nos arguments et nos droits vis-à-vis du fédéral. Je pense qu'il faut réclamer très vigoureusement une meilleure concertation, une complémentarité des moyens de transport, et peut-être aussi définir plus clairement quelles sont nos priorités sur notre territoire. Nos priorités sont-elles les voies, le matériel roulant ou les gares?