M. le Député Carlo Di Antonio (cdH)

L'eau du robinet a toujours un important déficit d'image. Cela se vérifie dans les chiffres puisque la consommation d'eau en bouteille ne cesse d'augmenter, ce qui génère un impact environnemental: surplus de déchets et rejet de C02. Les PMC représentent en effet près de 45.000 tonnes des ordures ménagères récoltées sélectivement en Région wallonne et 13 % des ordures ménagères brutes sont composés de déchets plastiques, cartons à boissons (source: Rapport analytique EEW 2006-2007). Consommer l'eau du robinet réduirait bien évidemment ce tonnage.

Aussi, pour remédier à ce problème environnemental, différentes actions ont été entreprises par le prédécesseur de Monsieur le Ministre en partenariat avec différents opérateurs comme Aquawal, la DGRNE et les distributeurs, ... afin de sensibiliser les écoles et collectivités, mais aussi le grand public.

Toutefois, je sais que modifier le comportement de la population demande du temps et de l'énergie. La sensibilisation, particulièrement en environnement, est un travail de longue haleine. Aussi, c'est en menant des actions répétées et sur le long terme que l'on peut espérer changer le comportement du grand public.

Monsieur le Ministre peut-il me communiquer les dernier chiffres concernant la consommation de l'eau en bouteille?

Peut-il me dire quelles sont les actions mises en place afin de promouvoir les bienfaits environnementaux et sanitaires de la consommation de l'eau du robinet?

En tant qu'élu d'une zone frontalière, il devient aberrant de voir nos concitoyens faire des kilomètres pour aller dans les supermarchés français et n'acheter presque qu'exclusivement que de l'eau en bouteille.

M. Philippe Henry, Ministre de l'Environnement

Contrairement à l'eau de distribution, l'eau minérale et l'eau de source sont réglementées par le service public fédéral économie. Selon l'association sectorielle de l'Industrie belge des eaux et boissons rafraîchissantes (FIEB), la consommation d'eau en bouteille pour l'année 2008 atteignait 123,9 litres par habitant contre 133,7 litres en 2007. Cette diminution s'expliquerait en partie par la crise économique actuelle.

Selon une enquête réalisée en 2005 par AQUAWAL auprès de 1.500 ménages, 60% des personnes interrogées déclarent préférer l'eau en bouteille à l'eau du robinet (essentiellement en raison de défauts organoleptiques attribués à l'eau du robinet). Dans une étude publiée par le CRIOC en 2006, près de huit consommateurs sur dix affirment qu'ils préfèrent boire l'eau en bouteille. Au regard de ces chiffres, il apparaît clairement qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l'eau du robinet soit appréciée à sa juste valeur. Dans ses enquêtes, Test Achat a identifié plusieurs facteurs pour expliquer ce dénigrement de l'eau de distribution (suspicion et manque de confiance irrationnel, mauvaise image sociale, mauvais goût et variations de couleur, fausses idées (le calcaire nuirait à la santé !...), campagnes de publicité des producteurs d'eau en bouteille très réussies (image de pureté, de naturel, de santé), mauvaises images des sociétés de distribution ... ). La conclusion était qu'il fallait davantage informer le consommateur et que les sociétés de distribution devaient développer des campagnes de communication pour mieux se faire connaître et rétablir leur image.

Les bienfaits environnementaux et sanitaires de l'utilisation de l'eau de distribution sont bien connus. En ce qui concerne les impacts environnementaux, ceux-ci peuvent être évalués en comparant l'analyse du cycle de vie de l'eau de distribution à celle de l'eau embouteillée. Une étude réalisée sur le sujet concluait que la production et la distribution d'un mètre cube d'eau "du robinet" en Wallonie avaient autant d'impact environnemental qu'effectuer un parcours de 2,15 km en voiture. La consommation d'un mètre cube d'eau en bouteille aurait quant à elle un impact équivalent à un parcours de 900 km (si l'eau est produite en Wallonie) et de 2.000 km si elle est produite ailleurs dans l'Union Européenne. En ce qui concerne les aspects sanitaires, l'eau distribuée par réseaux constitue un des produits de consommation les plus contrôlés (élimination des microorganismes pathogènes, limitation des teneurs en nitrate et en pesticides, ...)

Comme l'honorable Membre le stipule dans sa question, les actions tendant à promouvoir l'eau de distribution sont nombreuses en Région wallonne et font appel à divers supports (sites Internet des Opérateurs et des associations environnementales, factures d'eau, brochures thématiques, communiqués de presse, campagnes et journées thématiques (« Vivons l'eau », « bornes-fontaines dans les écoles » ...), sensibilisation dans les écoles (cycles de conférence HYDROTOUR, CD le Voyage de l'Eau ... )). Parmi toutes ces campagnes, les journées wallonnes de l'eau constituent à mon sens un bel exemple de sensibilisation du tout public au cycle de l'eau potable et à la préservation des ressources en eau. Ces actions demeurent indispensables pour faire prendre conscience aux personnes que l'eau du robinet fait l'objet d'un contrôle rigoureux.

En plus des actions déjà entreprises, j'ai le plaisir de l'informer qu'un vade-mecum portant sur la qualité de l'eau de distribution va prochainement être publié sur le portail internet de la DGARNE. Pour sa première édition, celui-ci abordera au travers de cinq chapitres les thèmes suivants : structure de la distribution d'eau, Directive européenne et Code de l'Eau, qualité microbiologique, teneur en nitrates et dureté totale de l'eau au robinet. L'objectif premier de celui-ci est de valoriser l'eau de distribution en informant le tout public sur le cycle de l'eau potable. Tout comme l'état des nappes d'eau souterraine, ce vade-mecum sera mis à jour chaque année et complété au fur et à mesure avec d'autres thématiques liées à l'eau destinée à la consommation humaine comme l'acidité, l'agressivité ainsi que les métaux constitutifs des canalisations.