C. Di Antonio (cdH).

Monsieur le Ministre, Serait-il possible d'obtenir un état des lieux des filières de formation dans les domaines de l'éco-construction et des nouvelles technologies en communauté française?

En effet, ces deux orientations permettent de se tourner vers des marchés en pleine expansion et donc pourraient permettre l'embauche de nombreux demandeurs d'emploi.

Selon des estimations du Syndicat des énergies renouvelables, il s'agirait de 4.000 nouveaux emplois directs seront créés, toutes filières confondues, en Belgique, d'ici 2010.

Dans quelle mesure permet-on à nos demandeurs d'emploi en communauté français de répondre à ces demandes ?

Des développements sont-ils prévus ?

Réponse de M. le Ministre: Marc Tarabella.

1. Constats

L'analyse des domaines de l'éco-construction et des nouvelles technologies a conduit le Forem à réaliser un dossier complet en octobre 2008 dans le cadre de Job Focus (lutte contre les pénuries de main d'?uvre), relatif aux métiers émergents ou en mutation liés à l'efficience énergétique.

Cette analyse vient compléter les études de juillet 2005 et d'octobre 2006 réalisées par le Forem et Survey & Action, concernant « les attitudes et les pratiques à l'égard de la gestion des ressources humaines» dans l'écosystème de l'énergie et l'environnement ainsi que dans l'écosystème Construction en Région wallonne, dont l'une des recommandations portait sur la nécessité de développer des actions de formation à destination des Eco-bâtisseurs dans les différents métiers concernés par la Performance Energétique des Bâtiments.

Majoritairement, il s'agit de métiers existants auxquels viennent se greffer des « nouvelles compétences » en matière énergétique. Celles-ci ont donné lieu à des spécialisations ou à l'adjonction de compétences à des profils préexistants. Par exemple, la pose et le raccordement des panneaux solaires semblent davantage consister en des nouvelles compétences liées aux métiers de couvreurs, électriciens et chauffagistes plutôt que des nouveaux métiers à part entière. Toutefois, certaines entreprises qui se sont créées autour de cette filière (photovoltaïque) ont une approche segmentée du travail et engagent du personnel uniquement pour la partie « pose ».

L'apparition de « nouveaux métiers » en tant que telle est rare. Ceux-ci portent pour une large part sur la consultance en matière énergétique ou environnementale (conseiller en énergie/éco-conseiller, gestionnaire énergétique et auditeur/consultant environnemental).

Quelques métiers existants dont les compétences de base sont en cours d'évolution et pour lesquels la demande des employeurs est susceptible d'augmenter dans les années à venir ont pu être identifiés (monteur en structure bois, technicien en CFAO structure bois, ouvrier spécialisé en exploitation forestière).

L'éco-construction consiste à construire en respectant notre environnement et celui des générations futures, tout en offrant un maximum de confort aux occupants.

Cette démarche implique donc :

- d'identifier les impacts environnementaux des projets tout au long de leur cycle de vie;

- de favoriser des choix urbanistiques et architecturaux qui privilégient la lumière naturelle, intègrent des principes bioclimatiques, garantissent une bonne isolation thermique de toute l'enveloppe du bâtiment en respectant la législation en vigueur;

- d'utiliser des matériaux 'écologiques' ou 'naturels' qui consomment peu d'énergie pour leur fabrication, leur transport et leur mise en œuvre;

- d'utiliser des techniques de construction qui nécessitent plutôt de la main d'?œuvre que d'importantes quantités d'énergie;

- de favoriser l'utilisation des énergies renouvelables et/ou des combustibles peu polluants;

- de favoriser le choix d'équipements 'intelligents' : éclairage et électroménager « basse consommation », chauffage efficace et correctement dimensionné.

Le secteur de la production d'énergie est largement concerné par le concept d'efficience énergétique dans sa recherche de sources d'énergie renouvelable. Une source d'énergie renouvelable est une source dont la capacité de renouvellement est supérieure à son niveau d'exploitation. On parle d'énergie de flux (à l'inverse des énergies fossiles - pétrole, charbon, gaz naturel - qui sont des énergies de stock). Celles-ci se régénèrent en permanence au rythme du soleil et de ses dérivés (le vent, les cours d'eau, les vagues, les courants marins, la croissance de la biomasse, les marées et la chaleur de la terre).

2. Moyens de mise en œuvre

A. Le Plan Marshall (2005)

Lancé en août 2005, le Plan Marshall regroupe les actions prioritaires à mettre en place pour le redressement de la Wallonie. Des objectifs en termes d'efficience énergétique y sont contenus dans trois des cinq axes définis :

- dans l'axe 4 « Doper la recherche et l'innovation en lien avec l'entreprise », les universités, les centres de recherche et les entreprises sont invités à unir leurs forces dans des programmes de R&D (programmes mobilisateurs). L'objectif est de lancer des programmes de recherche dans des domaines nouveaux, de manière à générer de nouvelles activités industrielles en Région wallonne. A cet égard, une attention particulière est portée au domaine de l'énergie, et notamment aux technologies de production permettant de valoriser les sources d'énergie renouvelable et aux technologies liées aux économies d'énergie. Le contexte actuel laisse, en effet, entrevoir le développement de nouveaux marchés dans ce secteur pour les années à venir;

- dans le cadre de l'axe 5 « Susciter des compétences pour l'emploi, le FOREM est invité à développer son offre de formation dans les métiers émergents en lien avec l'efficience énergétique (éco-construction, énergies renouvelables, performance énergétique des bâtiments, .... ) ainsi que pour le métier de conseiller en énergie;

- lancement d'un appel à projets spécifique « Développement durable réchauffement climatique » dans le cadre de l'axe 1 « Création de pôles de compétitivité » (voir ci-dessous).

B. Le Plan Air-Climat

Le Plan Air Climat regroupe, en 99 mesures prioritaires, les politiques concrètes que la Région wallonne entend mener pour améliorer la qualité de l'air (lutte contre les pollutions) et pour contribuer à l'effort global de lutte contre les changements climatiques.

Parmi de nombreuses mesures, citons celles visant à promouvoir la recherche et l'innovation, qui stimulent toutes deux la croissance économique wallonne par l'avantage concurrentiel qu'elles offrent aux PME. Des actions visant à promouvoir l'utilisation d'énergie renouvelable et de la cogénération dans l'industrie, les constructions économes en énergie, à favoriser les audits énergétiques et l'utilisation du transport public, à développer la production d'énergie verte, ... sont également mises en avant.

Ces mesures ne peuvent se concrétiser sans la présence en Région wallonne d'un personnel qualifié et formé à ces nouvelles technologies.

Ainsi l'action prioritaire n° 69 exige:

1° le renforcement de l'offre de formation au Centre de compétence Environnement dans trois domaines:

- les énergies alternatives et renouvelables;

- l'URE (Utilisation rationnelle de l'énergie) - performance énergétique des bâtiments;

- l'URE (Utilisation rationnelle de l'énergie) - éco-construction;

2° le renforcement des formations de conseiller en énergie;

3° la création de 50 000 Chèques-Formation pour des formations dans des matières liées à l'efficience énergétique. Cette mesure a mené au développement des Chèques-Formation Eco-Climat.

C. L'appel à projets "Développement durable - Réchauffement climatique" (2008)

Dans le cadre du Plan Marshall et du Plan Air Climat, un appel à projets spécifique « Développement durable - réchauffement climatique » a été lancé à l'attention des pôles de compétitivité et des clusters le 13 février 2008. Cet appel particulier a notamment pour objectif la réduction énergétique, le développement d'énergies renouvelables, la diminution des déchets, ... Des propositions d'actions concrètes contribuant au développement durable et à une diminution de l'impact des activités humaines sur le réchauffement climatique devaient être déposées pour le 30 juin 2008 au plus tard (quelques exemples d'actions concrètes: la réduction des besoins énergétiques des processus de fabrication. la cogénération, la biodégradabilité. la valorisation des écoproduits, .... ).

Les projets retenus dans le cadre de cet appel à projets doivent garantir:

- un impact réel et mesurable sur le développement durable et le réchauffement climatique; - leur cohérence par rapport à la stratégie des pôles et des clusters ; leur pertinence économique et technologique; - la création d'emplois durables.

D. Gouvernement thématique anti-crise (2008)

Dans le cadre de ce Gouvernement, j'ai proposé de développer une offre de formation, dans les métiers « verts », adaptée qualitativement et quantitativement, et ce, afin de répondre, dans les mois à venir, à une demande de main d'?uvre qualifiée des entreprises dans ces matières.

Le secteur des entreprises (publiques et privées) dont le core business est l'environnement, la production et la distribution d'énergie, la recherche d'une meilleure performance énergétique des bâtiments, la construction (orientée vers des « maisons passives », l'isolation, les énergies renouvelables, .... ) est en pleine mutation.

Il doit faire face à une forte croissance du marché en raison:

- d'une part, des nouvelles réglementations prises tant à l'égard des entreprises que des particuliers; - et d'autre part, d'une sensibilité stimulée des citoyens aux enjeux environnementaux et à l'avenir de la planète.

A ce jour, tant les actions mises en ?uvre tant dans le cadre du Plan de lutte contre les pénuries de main d'?uvre qualifiée que dans le cadre du Plan Air-Climat suffisent à répondre au besoin (voir ci-dessus). Néanmoins, afin de pouvoir répondre à une demande accrue de formation en la matière, le FOREM est préparé, si cela s'avère nécessaire. à lancer un appel à projets dans le cadre du Plan d'accompagnement des chômeurs, visant à mobiliser les Centres de Compétences (environnement, polygone de l'eau, construction, ... ), les centres de formation Forem, IFAPME, Promotion sociale et EFT/OISP pour la mise sur pied de modules de formation complémentaires (de courte durée et sur mesure) s'inscrivant dans un programme d'ajustement des compétences.

Concernant les formations en lien avec d'autres secteurs professionnels, le Plan Marshall offre une série de possibilités qui semblent, à l'heure actuelle, suffisantes pour répondre à la demande de formation (même si cette dernière augmente). Comme mentionné plus haut, le FOREM pourra, si cela s'avère nécessaire, faire appel à des partenaires et sous-traitants afin d'apporter un encadrement adapté.

E. Le projet FSE "Confluence construction" (2008

Ce projet, soutenu par le FSE, est développé en partenariat avec les acteurs du Secteur de la Construction (CSTC - CCW), les opérateurs publics wallon de la formation (Forem Formation - IFAPME), l'Université de Liège (CIFFUL) et le Cluster (Eco Construction).

Ce projet est un projet global de lutte contre les pénuries de main d'œuvre que rencontre le Secteur de la construction couvrant les stratégies de veille, d'information et de sensibilisation, de formation et d'insertion.

Il doit permettre notamment de créer et de faire évoluer les supports de formation et d'information sur base des évolutions et des résultats de la veille et de la recherche sectorielle et universitaire en particulier dans certaines thématiques prioritaires et régionales dont les axes liés à la PEB, l'évolution des éco-matériaux (chanvre. isolation à la cellulose, .... ).

De plus, un chantier « vivant » didactique est en développement à Frameries, permettant la mise en œuvre de diverses techniques (toiture verte, plafonnage à l'argile, ... ) lors d'activités d'information ou de formation (suivant validations scientifique et technique des centres de recherches, ATG, ... ).

F. Les clusters

1° TWEED « Cluster Technologie Wallonne Energie - Environnement et Développement durable » : ce cluster rassemble des entreprises actives dans l'énergie durable, tous secteurs confondus. Il a pour objet de favoriser les investissements en production et exploitation de l'énergie durable. Il mobilise les entreprises autour de projets dans les domaines de l'énergie renouvelable, de l'efficience énergétique et l'impact climatique en industrie et dons le domaine des produits et des services verts. A ce jour, une trentaine d'entreprises ont marqué un intérêt pour participer à cette démarche de clustering.

2° CLUSTER « Eco-construction » : ce réseau rassemble des architectes, des bureaux d'études, des constructeurs, des entreprises, des entrepreneurs, des centres de recherche, des hautes écoles et des universités, ... actifs dans l'éco-construction (mode de construction respectueux de notre environnement et de celui des générations futures tout en offrant un maximum de confort aux habitants).

3° CAP2020 : ce cluster englobe le secteur du bâtiment au sens large - Constructeur, Architecte, Producteur de matériaux (entrepreneurs, architectes, centres de recherche, bureaux d'étude. fournisseurs de matériaux de construction et industriels des énergies renouvelables) qui souhaitent renforcer le rôle de la construction dans le développement économique social et wallon.

G. L'offre de formation

Les formations développées à l'attention des demandeurs d'emploi sont, selon le cas, des formations « métier » de type qualifiant ou des modules plus courts de perfectionnement ou de spécialisation.

Différentes formules de formation continuée sont proposées aux travailleurs: programmes standard ou sur mesure, pour une ou plusieurs entreprises. Ces formations sont agréées dans le cadre du dispositif Chèques-Formation de la Région wallonne.

L'ensemble de cette offre est détaillé en annexe de la présente note.

3. Pilotage

Enfin, dans le cadre du Plan Air-Climat, le Gouvernement wallon a décidé de confier au Centre de compétence « Forem Formation Environnement » la coordination, au sein du réseau des Centres de compétence de l'offre de formation professionnelle régionale dans le domaine des énergies alternatives, des énergies renouvelables et de l'Utilisation Rationnelle de l'Energie (URE). Par ailleurs. le CdC a élargi son Comité d'orientation à la DG03, à la DG04 aux partenaires sectoriels, dont le Fonds de formation de la Construction ainsi que l'IFAPME.

Le Forem mettra à jour son offre de service en fonction des éléments détectés par une veille, matérialisée par un comité de suivi trimestriel de l'Energie, qui sera piloté par le Centre de compétence « Forem Formation Environnement ».

La veille réalisée par ce Comité s'effectuera à différents niveaux:

- l'AMEF (Analyse du Marché de l'Emploi et de la Formation) centrera son observation sur les facteurs d'évolution du secteur ainsi que sur l'évolution des demandes des employeurs en termes de profils recherchés (notamment sur l'émergence de nouveaux métiers) ; - le Centre de compétence « Forem Formation Environnement » analysera les demandes émises par les entreprises en termes de formation liée à l'efficience énergétique; - le service Chèques-Formation analysera les données relatives aux chèques-formation Eco-Climat destinés à des formations dans des matières liées à l'efficience énergétique.

Ce comité sera un lieu d'échange d'informations sur la problématique des compétences attendues par les employeurs sur l'efficience énergétique. Dans ce cadre, une concertation avec les représentants des secteurs (en particulier les secteurs de la construction et de l'industrie technologique) sera prévue.