M. Carlo Di Antonio (cdH).

Madame la ministre,

la bibliothèque virtuelle européenne « Europeana» devrait être en ligne dès novembre prochain. Environ deux millions de documents numérisés seront disponibles dans toute l’Europe : livres, journaux, photos, enregistrements et vidéos pourront être consultés par des étudiants, des chercheurs ou tout simple citoyen. L’objectif est d’atteindre les six millions pour 2010. Dans les deux ans, la Commission européenne devrait débloquer 120 millions d’euros afin d’aider les États membres à réaliser cet ambitieux projet.

En Belgique, les deux Communautés et la Bibliothèque royale devraient fournir des contenus numériques. En Communauté française, les bibliothèques ont la possibilité de créer un espace public numérique dans le cadre des projets pluriannuels de développement de la lecture,. Le contenu de « Europeana » ne se limitera pas aux seuls livres et il paraît donc important, comme l’a relevé le directeur du musée Royal de Mariemont, que la Communauté française associe très rapidement l’ensemble des musées à la réflexion sur ce projet. Pour la Communauté française, la numérisation de documents représente un enjeu important non seulement du point de vue éducatif mais aussi du point de vue de l’accès à la culture pour tous. Madame la ministre, pouvez-vous me dire quelle sera la participation financière de la Communauté française au projet « Europeana » ? La Belgique a-t-elle déjà reçu une aide de la Communauté européenne ? Si oui, pouvez-vous m’en préciser les montants et la répartition entre entités fédérées ? Dans le cadre des projets pluriannuels du développement de la lecture, pouvez-vous me faire part des critères établis par la commission de sélection pour la création d’espaces publics numériques ? Enfin, les musées de la Communauté française ont-ils déjà été associés à ce projet de bibliothèque virtuelle? Le cas échéant de quelle manière ?

Mme Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l’Audiovisuel .

Monsieur Di Antonio, l’Union européenne n’accorde pas de subventions aux États membres pour leur participation au projet « Europeana ». Seule la Fondation EDL Net chargée de mener à bien ce projet et dont le siège est à la Bibliothèque nationale des Pays-Bas reçoit des financements. Par contre, pour disposer des fonds nécessaires, chaque État doit prévoir un système de subventionnement ou de collecte de fonds privés. Jusqu’à présent aucune décision n’a encore été prise avec l’État fédéral et les deux autres Communautés. La Communauté française est bien entendu représentée dans le groupe de travail animé par la Bibliothèque royale, qui est l’organisme belge qui gère notre participation à ce projet. Le directeur du Musée de Mariemont fait également partie de la délégation de la Communauté française. Tout le secteur patrimonial de notre Communauté est concerné par « Europeana » et les responsables de nos institutions collaborent de près ou de loin à la mise en oeuvre du plan de préservation et d’exploitation des patrimoines, dit plan PEP’s, que j’ai lancé en octobre 2007. Le Musée royal de Mariemont a injecté des objets numérisés dans l’Europeana. Pour numériser leurs collections, les musées doivent entreprendre d’en faire l’inventaire. Plus de septante musées collaborent au programme AICM (accès informatisé aux collections muséales). M. Di Antonio évoque les espaces numériques à créer dans certaines bibliothèques grâce au projet pluriannuel de développement de la lecture. L’objectif de cette subvention est de favoriser l’élaboration des plans de développement de la lecture, axés sur une stratégie à moyen ou long terme, pour les réseaux publics de lecture. La commission de sélection n’a pas retenu les projets de création matérielle d’espaces publics numériques mais ceux d’animation dans ces espaces. Elle a réorienté une série de demandes de fonds pour du matériel informatique visant la création d’espaces publics numériques vers les allocations de base de la D.O. 22, 635251 et 521151 du programme 5. Toutes les bibliothèques peuvent solliciter ces fonds qui ont souvent servi à la création d’espaces publics numériques, notamment via des financements conjoints avec l’État fédéral. Les appels de la Région wallonne sont aussi largement diffusés auprès des bibliothèques.

Nombre d’entre elles y ont accédé et ont ainsi ajouté une corde à leur arc. Pour Europeana, il faut distinguer le rôle de conservation patrimoniale et d’accès aux oeuvres, via des supports numérisés prônés par ce projet, et la fonction éducative et de promotion de l’accès au web et aux machines nécessaires, que visent les espaces publics numériques dans les bibliothèques publiques. Leur mission essentielle est l’éducation permanente plutôt que la conservation patrimoniale.

M. Carlo Di Antonio (cdH)

Pour les bibliothèques du réseau local de notre Communauté, le lien avec les bibliothèques virtuelles via les espaces publics numériques accessibles à tous est très important.