Député C. Di Antonio (cdH).

Le charbon reste encore utilisé dans l'alimentation des centrales électriques wallonnes alors que le prix de la tonne bat des records ces derniers mois, dépassant régulièrement les 100 USD la tonne.

En cause, une demande des pays émergents qui dépasse allègrement l'offre disponible. La Chine qui utilise pour 80 % de charbon dans ses centrales est, à ce jour, contrainte de ne plus exporter son houille jusqu'à nouvel ordre en raison du grand froid qui touche son territoire.

Monsieur le Ministre a-t-il des chiffres plus précis quant à la part du charbon présent pour l'alimentation de nos différentes centrales wallonnes ? La conjoncture actuelle peut-elle entraîner des problèmes de ravitaillement dans nos centrales?

Loin d'être démodé et d'un autre âge, il est incontestable que le charbon a encore de beaux et longs jours devant lui.

Le rapport Stern sur l'économie du changement climatique indique que même en travaillant sur les énergies renouvelables et autres technologies propres, les combustibles fossiles bien qu'excessivement polluantes compléteront encore d'ici 2050 pour environ la moitié des approvisionnements en énergie de la planète.

Bien que très polluant, de nombreux experts tentent actuellement de mettre au point une technique de capture et de stockage du carbone présent dans ce combustible.

Dans l'ouest du Japon notamment, des chercheurs essayent d'isoler le C02 d'autres gaz en utilisant des filtres pour pouvoir ensuite l'enterrer pour s'en débarrasser. Cette technologie coûteuse qui est encore au stade expérimental intéresse de nombreux investisseurs.

Aux Etats-Unis, 1,5 milliard de dollars ont été débloqués pour construire une centrale électrique fonctionnant au charbon et ne rejetant aucun gaz à effet de serre.

L'Australie, quatrième producteur de charbon au monde, a plus d'une dizaine de projets prévus dans ce domaine.

La dynamique engagée pour transformer les combustibles fossiles en énergie propre semble donc véritablement faire l'objet d'un investissement important.

La capture et la séquestration du carbone permettraient de réduire de 90 % les émissions de C02 des centrales électriques à combustibles fossiles et permettraient de contribuer à hauteur de 20 % à la diminution des émissions d'ici 2050.

Monsieur le Ministre peut-il me dire ce qu'il en est exactement ? Est-il intéressant d'investir dans le perfectionnement d'une énergie épuisable ?

En Europe, la Grande Bretagne est à la tête de l'initiative européenne de centrales à charbon propres et participe au développement de démonstration de la capture et de la séquestration du carbone en Chine. L'Allemagne a récemment remis en activité certaines houillères. Des investisseurs australiens seraient en passe de récupérer le méthane du charbon dans certaines mines françaises.

Qu'en est-il dans notre Région?

Une réexploitation de nos mines est-elle envisageable?

De fait, un sujet aussi innovant que celui de la capture et du stockage du C02 ne peut s'envisager que dans un contexte international et en synergie avec l'ensemble des acteurs.

C'est pourquoi, j'aimerais connaître les implications et les positions de notre Région tant au niveau européen que mondial, que ce soit au sein du prochain Conseil des Ministres de l'UE pour l'énergie qui doit se dérouler ce mois-ci (février 2008), du CSLF (Carbon Sequestration Leadership Forum) ou de tout autre rassemblement sur la question.

Comte tenu de l'importance stratégique que semble avoir ce secteur, tant sur le plan économique, qu'écologique et technologique et en matière de création d'emplois nouveaux, quelles possibilités pourraient s'ouvrir à notre Région dans ce domaine ?

M. le Ministre A. Antoine.

1. Le dernier bilan énergétique wallon établi par l'ICEDD se rapporte à l'année 2006

On y relève que l'alimentation des centrales électriques wallonnes, exprimée en énergie primaire (en TWh/an), s'établit comme suit:

Nucléaire 67,8

Récupérations et énergies renouvelables 6,0

Gaz naturel 11,8

Fuel-oil 1,6

Charbon 1,8

Gaz de hauts-fourneaux 0,8

Gaz de cokerie 2,4

TOTAL 92,2

On peut considérer que les gaz de cokerie et de hauts-fourneaux proviennent du charbon. On aurait donc un total de 5 /92,2 =5,42 % de charbon qui alimente directement ou indirectement les centrales électriques wallonnes.

Il ne me semble pas que ceci doive nous causer des soucis d'approvisionnement, même si nous dépendons à près de 95 % de l'étranger.

2. La capture et la séquestration du C02 sont à l'ordre du jour, notamment au niveau européen

Il faut savoir que la capture du C02 est encore très onéreuse et énergivore. Si les experts du GIEC pensent qu'il serait possible de réduire les émissions des centrales de 80%, cela se ferait au prix d'un accroissement du coût de l'électricité de 35 à 85%.

Dans l'état actuel des choses, seuls de grands groupes (Electrael, E.ON, ...) ont les moyens, en se groupant, d'envisager des expériences en vraie grandeur et en taille industrielle.

Mais la capture doit s'accompagner de la « séquestration» du C02. Ce stockage doit être sûr et surtout durable.

Si l'on envisage de stocker dans des veines de houille non exploitées, ces dernières sont d'office condamnées en tant que source potentielle de charbon.

3. Le projet wallon

L'honorable Membre n'ignore pas que mon collègue Benoît Lutgen a lancé un appel à projet dans le domaine de la capture et la séquestration du C02. Ce projet est en cours de finalisation et devrait être prochainement présenté au financement européen dans le cadre des fonds structurels.

Il s'agirait d'une expérience à petite échelle d'enfouissement de C02 et, si possible, de récupération de méthane (Coal Bed Methane). De nombreux intervenants industriels et scientifiques sont partie prenante au projet.

4. La remise en activité des mines de charbon

D'après les géologues, nous disposons encore d'immenses ressources en charbon. Cependant, les difficultés d'exploitation et les coûts afférents, liés à la structure de nos bassins houillers, rendent peu probable, dans les conditions technologiques connues, la reprise d'une extraction digne de ce nom.