Député C. Di Antonio (cdH).

L'ancien site des « forges et laminoirs de Jemappes » à Mons a déjà été caractérisé par la SPAQUE en tant que friche industrielle à pollution potentielle. Les résultats ont révélé différents types de pollutions dont notamment du PCB, des hydrocarbures et des métaux lourds.

Monsieur le Ministre peut-il nous dire plus précisément de quels métaux lourds il s'agit ?

Parmi les métaux lourds toxiques généralement présents dans les sols des sites métallurgiques on retrouve bien souvent le plomb, le cadmium et le mercure.

En février 2008, les riverains du site ont reçu une lettre leur présentant les investigations qui doivent être réalisées dans le sol des jardins et potagers.

Ces investigations ont pour objectif d'évaluer le degré de contamination éventuelle des différentes parties du site susceptibles d'avoir été contaminés.

Il n'y aurait selon la SPAQUE pas d'indice d'impact alarmant.

Monsieur le Ministre a-t-il les résultats des premières analyses ?

A-t-on retrouvé des traces de métaux lourds et de PCB dans les analyses des sols des jardins et potagers situés en périphérie de ce site ?

De quel type et en quelle proportion ?

Y a-t-il des risques sanitaires pour les riverains qui consomment ou ont consommé les fruits et légumes de leurs jardins dans cette zone ?

Est-on dans la même situation que dans certaines communes de l'entité de Charleroi où des taux élevés de plomb et de cadmium ont été retrouvés dans les légumes des potagers ?

A cet effet, les résultats de l'étude sur la pollution des sols et les recommandations aux riverains doit être présentée ce 19 mars.

Monsieur le Ministre peut-il d'ores et déjà nous en faire part et, le cas échéant, nous faire part des dispositifs qui vont être mis en place ?

Ministre B. Lutgen.

Le site dénommé « Forges et laminoirs de Jemappes » couvre une superficie de 169.348 m² à la sortie de la localité de Jemappes, à la limite avec la commune de Quaregnon.

Dans son périmètre, le site a connu les principaux types d'activités industrielles suivants :

- une activité sidérurgique de laminoirs à chaud, fonderie et forge ;

- une activité de produits réfractaires et de caisses en bois ;

- une activité sidérurgique d'aciérie, laminage à froid, stockage et traitement de ferraillage ;

- une activité de brasserie.

Comme indiqué sur son site « walsols.be », les investigations réalisées jusqu'à présent par la SPAQuE ont mis en évidence :

- des contaminations de sols en relation avec les activités qui se sont déroulées sur le site. Ces contaminations en huiles minérales, hydrocarbures aromatiques polycycliques et métaux lourds semblent relativement localisées ;

- une contamination des eaux souterraines en solvants chlorés volatils ;

- aucun dépassement de norme, pour ce qui concerne les eaux de surface. Cependant, à ce jour, l'adéquation de la qualité de l'eau du plan d'eau par rapport à la baignade n'a pas été investiguée.

Les métaux lourds rencontrés sont le cadmium, le chrome, le cuivre, le plomb, le zinc et ponctuellement le nickel. D'après les résultats de l'étude des caractérisations, ces polluants affectent uniquement les remblais présents sur le site sur une épaisseur variable et ne se retrouvent a priori pas au niveau du terrain naturel sous-jacent.

En ce qui concerne les investigations dans les jardins des riverains, elles ont pour objectif d'approfondir l'étude des faisabilités réalisée sur le site et elles sont actuellement en cours : les forages étaient prévus les mercredi 26 et jeudi 27 mars. Ces investigations sont organisées selon le mode opératoire suivant :

- sur la base d'une enquête concernant l'existence de jardins potagers et de puits domestiques, sélection d'un certain nombre de jardins (deux à trois jardins par îlot d'habitats entourant le site) ;

- dans chaque jardin sélectionné, réalisation d'un forage à la tarière manuelle ou à la gouge à percussion jusqu'à un ou deux mètres de profondeur (suivant la présence ou non de remblais), avec prélèvement de deux à trois échantillons de sol ;

- le cas échéant, prélèvement d'un échantillon d'eau souterraine au droit des éventuels puits domestiques existants ;

- réalisation des analyses ad hoc sur les échantillons de sol et eaux souterraines prélevés.

Il est à noter que :

- cette démarche est appliquée sur le pourtour aussi bien du site des « Forges et Laminoirs de Jemappes » que du site voisin « Verrerie de Jemappes » ;

- les investigations réalisées dans les jardins ne visent pas à analyser la qualité des légumes des jardins, mais à vérifier la qualité des sols ;

- d'après l'enquête menée auprès des riverains, seule une minorité cultive actuellement un jardin potager ou possède un puits ;

- un certain nombre de riverains ont refusé l'accès à leur propriété, limitant ainsi le nombre de jardins pouvant être investigués.

Les résultats des prélèvements dans les jardins riverains ne sont pas encore connus.

Dès réception de ces résultats d'analyses, et dans le cas où les concentrations en polluants rencontrés dans les sols laisseraient envisager un problème pour la santé des habitants, la SPAQuE, comme à son habitude, soumettra l'ensemble des données à un collège d'experts (toxicologues) chargé de se prononcer sur les éventuels risques encourus.

Dans l'état actuel des connaissances acquises par la SPAQuE sur le site, c'est-à-dire sur base des données techniques actuellement recueillies, les propriétés voisines ne semblent pas subir d'influence actuelle de l'ancien site industriel. Il est cependant prudent de considérer a priori que les jardins riverains peuvent avoir subi, à une époque, des nuisances liées aux activités industrielles historiques.

Bien entendu, il est tentant de faire une liaison avec les études qui ont été menées à Charleroi ou dans la région liégeoise. La SPAQuE estime effectivement que la pollution qui sera éventuellement mise en évidence constitue un problème de fond qui dépasse de très loin le site particulier des laminoirs de Jemappes. Ainsi, il est important d'évaluer très soigneusement cette problématique au niveau de l'ensemble du bassin industriel wallon.

A cet effet, la SPAQuE met en place un programme scientifique d'évaluation du « bruit de fond » des sols en milieu industriel, étendu à l'ensemble de la région wallonne. Cette étude, appelée Pollusols II, est entamée avec le concours de plusieurs universités wallonnes et d'experts scientifiques internationaux. Elle se prolongera sur une période de deux à trois ans et permettra d'établir une cartographie des concentrations en composés polluants dans les sols de référence dans les bassins industriels.