M. Carlo Di Antonio (cdH).

Selon une étude hollandaise, les langes jetables et autres matériel d'incontinence représenteraient près de 115.000 tonnes de déchets par an pour l'ensemble de la Belgique, soit environ 8 % de la masse des ordures ménagères brutes. Pouvez vous me confirmer les chiffres impressionnants ?

C'est une question environnementale majeure dont il est question ici. En effet, bien souvent des produits usagés sont évacués par le biais des ordures ménagères brutes et sont susceptibles d'être compostés avec les déchets organiques, comme le montre une expérience menée par IDELUX.

Sans revenir aux langes et épingles à nourrices réservés aux mains expertes de nos grands-mères, il existe aujourd'hui des couches quasiment identiques aux couches jetables mis à part qu'elles peuvent être utilisées près de 500 fois.

La plupart des fabricants vendent leurs produits presqu'exclusivement sur Internet où les sites pullulent faute de place sur le marché. Ces langes sont disponibles en différentes matières et ne contiennent quasiment pas de produits chimiques, contrairement aux langes jetables qu'on retrouve dans le commerce traditionnel.

Disposez-vous d'une évaluation du gain en termes environnementaux ? Ce qui semble évident, c'est que le lange lavable est intéressant au niveau financier pour les parents. Il n'est pas à démontrer que de la naissance à la propreté, un enfant coûte environ 1.500 euros en couches jetables et plus de 6.000 couches utilisées par enfant. Alors qu'il ne coûterait aux parents qu'environ 500 euros en couches lavables et éviterait près d'une tonne de déchets par enfant.

Si l'évaluation du lange lavable devait s'avérer positive, il resterait à informer les parents et les responsables de crèche de l'existence de ces produits. Il semblerait que, passé la réaction de rejet, les personnes qui prennent le temps de se documenter finissent par comprendre les nombreux avantages.

Des études pilotes sont réalisées dans des Maisons de l'enfance en France. Les premiers résultats semblent plus qu'encourageants puisque de nombreuses puéricultrices marquent leur adhésion au produit et le trouvent tout aussi efficace et beaucoup plus sain que les langes jetables.

Monsieur le Ministre, avez-vous des statistiques précises sur l'utilisation de ce type de langes au sein des milieux d'accueil et des familles en Wallonie ?

En concomitence avec les services de la petite enfance, comptez-vous mettre en place des moyens de sensibilisation pour ces publics ?

Voici quelques années, la Ville de Namur, en collaboration avec la Région wallonne, a également réalisé une expérience pilote « Essayez gratuitement des langes lavables pendant trois mois » du 15 mai au 15 septembre 2005. La ville distribuait un kit de démonstration. Trente et une familles ont participé au projet. Au vu de ce succès, la Ville a décidé d'octroyer, en 2006, une prime communale à l'achat des langes lavables.

Entendez-vous mener d'autres communes à développer ce type d'expériences ?

Enfin, vous évoquiez, lors d'une précédente réponse, la nécessité d'améliorer la collecte des langes jetables, de les soumettre à une obligation de reprise et d'impliquer les communes dans la mise en place de collectes sélectives. Un groupe de travail avec les autres Régions et la FEGE devait démarrer ses travaux à la mi-septembre 2007. Qu'en est-il aujourd'hui ?

M. Benoît Lutgen, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme.

En ce qui concerne les quantités de langes produites, différentes sources avancent pour la Belgique entre 100.000 tonnes et 150.000 tonnes par an de langes et de matériel d'incontinence.

À l'heure actuelle, il n'existe aucune statistique précise à l'échelon régional quant à l'utilisation de langes lavables. Une étude finalisée au printemps 2006 pour le compte de la Région de Bruxelles-Capitale a procédé à un inventaire des initiatives mises en oeuvre au plan local et dans les trois Régions ; j'ai demandé à mon administration de procéder à son actualisation en ce qui concerne la Région wallonne.

Les écobilans réalisés à l'étranger fournissent des résultats qui, selon le cas, conduisent à préconiser tantôt l'utilisation des langes jetables, tantôt l'utilisation de langes réutilisables.

Face à ce constat, j'ai chargé voici plusieurs mois mon administration d'examiner la filière de recyclage des langes jetables développée aux Pays-Bas. À cet effet, un groupe de travail associant la Région, la FEGE et la société néerlandaise Knowaste avait été constitué. Malheureusement, cette société de recyclage est tombée en faillite depuis lors, et cette analyse a donc d'être abandonnée.

J'ai également chargé l'Office wallon des déchets de prévoir, dans le programme d'actions de prévention des déchets, un appel à projets en faveur de l'utilisation de langes réutilisables. Dans ce cadre également, des contacts ont été pris avec le Cabinet de ma Collègue Catherine Fonck en vue de mieux appréhender la gestion des langes dans les milieux d'accueil de la petite enfance et de déterminer le public cible des actions à mener. Il apparaît ainsi que, dans 99 % des cas, les langes sont apportés par les parents et ne sont pas fournis par le milieu d'accueil ; des freins peuvent malgré tout provenir du milieu d'accueil. Des échanges de bonnes pratiques entre milieux d'accueil permettraient, le cas échéant, de vaincre ces réticences. Il paraît clair que ce sera un travail de longue haleine.

M. Carlo Di Antonio (cdH).

Je pense qu'il y a lieu, dans un premier temps, d'éclaircir les différents avis contrastés sur le sujet. Je rappellerai une fois de plus que l'impact financier pour les familles est considérable.