Question du député C. Di Antonio au Ministre de l'Economie ,de l'Emploi et du patrimoine concernant " Les délocalisations et les fermetures chez GSK et la situation générale du secteur pharmaceutique en Wallonie".
Par Carlo Di Antonio, mercredi 19 décembre 2007 à 08:58 :: Interventions au parlement wallon :: #219 :: rss
Question orale posée le 18 décembre 2007.
M. Carlo Di Antonio (cdH).
Le 2 novembre dernier, un communiqué de presse nous apprenait que la firme Glaxo Smith Kline, via sa division GSK Biologicals a lancé la construction d'une nouvelle usine à Singapour, pour un investissement total de 300 millions d'euros. Cette usine devrait ouvrir ses portes à l'horizon 2011. Vous avez d'ailleurs vous-même visité ce chantier, y affichant, d'après les médias présents, « une sérénité manifeste à propos de tout ce dossier ». Nous apprenions aussi par la même occasion, que l'activité prévue dans cette nouvelle unité de production, serait la fabrication d'un vaccin qui a été développé dans notre région, sur les sites de Rixensart et de Wavre. Ces deux sites sont d'ailleurs en plein développement, les investissements et les engagements de personnel s'y succédant à un rythme soutenu.
Toutefois, en parallèle, le 25 octobre, soit à peine quelques jours avant ce communiqué, une autre division de GSK annonçait par ailleurs son intention de ne pas conserver son usine d'Heppignies, où 290 travailleurs produisent des antibiotiques. La direction assure cependant vouloir éviter les licenciements secs et propose soit la cession du site à un éventuel repreneur, soit une fermeture progressive jusqu'en 2009, avec la possibilité de transférer le personnel vers d'autres sites du groupe.
Début novembre, vous avez déjà indiqué que la fermeture définitive ne devant avoir lieu qu'en 2009, cela nous donnait 24 mois pour trouver une solution, vous engageant à tout faire pour qu'une issue positive se dégage. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Les 290 travailleurs d'Heppignies sont-ils maintenant mieux fixés sur leur sort ? Des repreneurs se sont-ils signalés ? Vous avez rencontré les syndicats le 13 novembre dernier, mais y a-t-il eu des développements constructifs depuis ? Même si « nous avons 24 mois » et qu'à Singapour, vous étiez « serein », je note surtout que les syndicats craignent que GSK les mène en bateau et qu'ils sont « loin d'être rassurés ». À propos de possibles contacts avec un repreneur ou de la possibilité de reclasser tous les travailleurs sur les autres sites de GSK, le délégué permanent CNE parle même des « faux discours » de la direction, dont « les syndicats ne sont pas dupes ». Partagez-vous l'inquiétude et le scepticisme des syndicats dans ce dossier ?
Sinon, disposez-vous d'éléments plus encourageants, à même de rassurer quelque peu les 290 employés ? Ces deux événements ne sont pas nécessairement liés mais ils posent tout de même question. En effet, le secteur pharmaceutique est un élément moteur essentiel du développement économique wallon, consacré par un pôle de compétitivité qui lui est dédié. Pourtant, on doit constater malheureusement de telles fermetures, simultanément à la construction par la même entreprise de nouveaux sites ailleurs dans le monde, tant à Singapour qu'en France. Et Je pourrai encore rappeler l'épisode de la fermeture du centre de recherches d'Eli Lilly à Mont-Saint-Guibert, annoncé en juin 2006 et pour laquelle un accord social concernant les 330 salariés du site n'est intervenu difficilement qu'en novembre 2006.
Plus que la délocalisation, se pose surtout le problème global de ces fermetures d'usines ou de centres de recherches performants par des grandes firmes multinationales qui poursuivent une stratégie mondiale, souvent fort indépendante des situations locales. Certes, la République de Singapour a séduit le laboratoire GSK avec un site de 14 hectares conquis sur la mer, avec précisons-le, du sable importé d'Indonésie, mais je rappelle aussi qu'une autre unité de production, dévolue à d'autres produits mais relevant de la même firme, se construit actuellement en France dans le secteur frontalier de Saint-Amand-les-Eaux.
Que pensez-vous de cette situation ? Avez vous eu connaissance de ces marchés et, dans l'affirmative, pouvez-vous nous assurer que la Wallonie s'est fait forte d'accueillir de tels investissements ? D'autres technologies développées ici même sont-elles menacées de la même manière ? Quelles réponses peut apporter le pôle de compétitivité « BioWin » mis en place par le Plan Marshall ? Comment analysez-vous ces développements —parfois un peu contradictoires — dans un secteur si important pour la Wallonie ?
M. Jean-Claude Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine.
Ainsi que vous le mentionnez, GSK est un acteur économique important en Région wallonne dont l'activité ne cesse de se développer depuis plusieurs années. Il faut savoir que les investissements en R&D et en infrastructure du Groupe GSK dans le monde sont en constante augmentation depuis 1996 pour atteindre en 2006, un milliard dont 50 % sont réalisés en Wallonie. Par ailleurs, l'emploi de GSK en Wallonie a progressé de plus ou moins 4.200 en 2004 à 6.100 en fin 2007 et devrait passer à plus de 6.500 au 1er janvier 2009. L'investissement que GSK a décidé de réaliser à Singapour n'en porte pas préjudice, à ma connaissance, aux activités du Groupe en Wallonie. L'objectif de cet investissement consiste à se rapprocher des marchés et d'y accéder plus facilement avec, selon la direction, pour impact positif en Wallonie une croissance de la R&D grâce à la plus value réalisée sur le marché asiatique.
Par ailleurs, la décision de fermeture de l'usine de fabrication d'antibiotiques à Heppignies n'est aucunement liée à l'investissement de Singapour mais serait une conséquence selon la direction, du développement des médicaments génériques rendant la fabrication de ces produits beaucoup moins concurrentiel. Les discussions se poursuivent conformément aux dispositions prévues par la loi Renault où les parties en sont toujours dans la phase 1 d'informations. Une nouvelle réunion du Conseil d'entreprise est prévue dans la deuxième quinzaine du mois de janvier 2008. Il y a donc deux grandes hypothèses :
• soit les travailleurs acceptent de travailler à Saint-Amand-les-Eaux ou sur le site du Brabant Wallon ;
• soit il retrouve un repreneur ; Aujourd'hui, il y a des candidats, mais il est compliqué de dire ce que l'on va y faire.
Le fait d'avoir constitué un pôle de compétitivité dans le domaine de la pharmacie est incontestablement un élément positif pour ce secteur et pour la Wallonie, car en créant BioWin, la Région wallonne a réaffirmé sa volonté de porter une attention toute particulière au développement de celui-ci et à favoriser la mise en place de conditions, tant en matière de recherche et développement qu'en matière d'investissements pour que ce secteur puisse continuer son développement au cours des prochaines années dans notre Région.
L'évolution du site d'Heppignies de GSK n'est certes pas accessoire sur le plan microéconomique et on peut regretter cette évolution qui affecte les employés de cette unité de production mais cette restructuration ne doit pas nous faire perdre de vue les développements très conséquents en Wallonie que je viens de citer précédemment, n'y remettre en cause la politique des pôles initiée dans le domaine de la pharmacie qui reste dans notre Région très porteuse en terme d'activités, de création d'emplois et d'image de notre dynamise économique.
M. Carlo Di Antonio (cdH).
Je vous remercie pour votre réponse par rapport au problème d'Heppignies. Il est évident qu'il est difficile de concevoir la recherche chez nous sans possibilité de production, ce qui n'est pas le cas je vous l'accorde.
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