M. Carlo Di Antonio (cdH). – Le championnat du monde de cyclisme de Stuttgart ravive la polémique de la retransmission par les chaînes publiques de courses cyclistes ternies par de nombreux cas de dopage.

Pour rappel, au printemps et lors de l’été 2007, les chaînes de télévision allemandes ont été les premières à refuser officiellement de cautionner un sport gangrené par la tricherie généralisée des coureurs et notamment l’équipe allemande T-Mobile dont elles étaient également un des sponsors.

Mettant leurs menaces à exécution, ces chaînes ont cessé la retransmission du Tour de France 2007 suite à l’annonce du contrôle antidopage positif du coureur Patrick Sinkewitz de la formation cycliste allemande T-Mobile. Par ce geste, elles ont voulu montrer leur volonté de soutenir le cyclisme professionnel à la seule condition que les coureurs ne consomment pas de produits dopants et prohibés.

La RTBF a précisé qu’à moins d’un nouveau scandale de grande envergure, elle continuerait à retransmettre les courses du ProTour, notamment le Tour de France 2008 avec lequel elle a un contrat jusqu’à cette échéance.

Madame la ministre, la situation n’est-elle pas suffisamment grave et les cas de dopage avérés suffisamment concrets et nombreux pour prendre une décision plus ferme à propos de la retransmission de ces courses ?

Je sais que la diffusion de ces évènements est, notamment pour les classiques wallonnes et ardennaises, une vitrine importante susceptible d’attirer les sponsors et donc d’assurer l’équilibre financier de ces épreuves. Je pense néanmoins que les médias ont un rôle à jouer pour faire comprendre aux professionnels du secteur que l’éradication du dopage est une condition nécessaire à la survie de cette belle discipline sportive.

Une réunion entre la société organisatrice du Tour de France et l’Union européenne de radiotélévision devait se tenir en septembre.

Pouvez-vous nous informer des décisions qui y ont été prises ? Quelle est votre position à ce sujet ?




Mme Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l’Audiovisuel .

J’apporterai tout d’abord une nuance sur l’appréciation que M. Di Antonio porte sur les options prises par l’ARD et la ZDF.

D’après les informations transmises par la RTBF, ces mêmes chaînes auraient donné des primes supplémentaires aux coureurs allemands Jan Ullrich et Eric Zabel en cas de victoire dans les épreuves internationales qu’elles retransmettaient. Ce faisant, elles auraient encouragé d’une certaine manière le dopage pour faire grimper leur audience, avant de s’en offusquer après l’exclusion d’Ullrich du Tour de France 2006 ! Cette exclusion leur a fait perdre la moitié de leurs téléspectateurs.

Je pense que M. Di Antonio surévalue le poids de la RTBF. Seule une sorte d’union sacrée de l’ensemble des diffuseurs pourrait ébranler le comportement des cyclistes professionnels.

Par ailleurs, il faut garder à l’esprit qu’en arrêtant de diffuser les courses importantes la RTBF perdrait son audience, toujours très nombreuse, au profit de la VRT.

Sur cette dernière chaîne en effet, le cyclisme reste le sport le plus suivi et le plus exposé. Sa popularité continue de grimper malgré les affaires de dopage. Dans la partie francophone, on constate au contraire un essoufflement du public, mais les audiences demeurent très importantes.

On peut néanmoins dire aujourd’hui que la RTBF ne s’est pas voilé la face durant le Tour de France. Ses journalistes ont traité l’information sous toutes les facettes, sportive et autres.

En outre, cette année, la RTBF n’a pas retransmis le Milan-San Remo ni le Giro ; elle ne retransmettra pas non plus le Tour de Lombardie, les droits ayant été jugés trop coûteux. Enfin, elle ne proposera pas le Sprint d’Or, une soirée et un programme de couronnement de la saison cycliste.

En diminuant le coût des droits qu’elle est prête à payer, en supprimant son Sprint d’Or, en renonçant à certaines épreuves et en sélectionnant d’autres, la RTBF marque le coup.

Enfin, je peux vous dire que les discussions entamées entre l’ASO – la société organisatrice du Tour de France – et l’UER se poursuivent dans la perspective d’un nouveau contrat qui devrait offrir aux diffuseurs les garanties également souhaitées par les organisateurs pour tenter de rendre au cyclisme tout son éclat. Le processus est entamé, il faudra du temps car on pédale parfois dans la semoule, et le mal est profond. Mais la RTBF, comme d’autres, parie sur la réalité du changement.




M. Carlo Di Antonio (cdH).

Vous parlez d’union sacrée, c’est pourquoi j’ai évoqué cette réunion entre les sociétés organisatrices et l’Union européenne des radio-télévisions. Les mesures à prendre doivent, en effet, avoir une large portée.

Bien que je sois un grand amateur de cyclisme, je pense qu’il faut faire pression sur le secteur pour qu’on se rende compte que ce sport ne sera sauvé qu’au prix de certains changements.

Je ne partage donc pas totalement votre avis. Je crois qu’il faudrait aller plus loin.