M. Carlo Di Antonio (cdH). – Madame la ministre, en janvier dernier, la direction de la Médiathèque tirait la sonnette d’alarme : les prêts consentis par la Médiathèque étaient en chute libre et contribuaient à creuser un déficit estimé à un million d’euros.

Au mois de juin, à l’issue du conseil d’administration et de l’assemblée générale, la Médiathèque établissait un plan de restructuration et annonçait des pertes d’emplois, à savoir une trentaine d’équivalents temps pleins.

Une pétition de sauvegarde de la Médiathèque était alors lancée sur le net et différentes réunions se sont tenues entre les représentants du personnel et la direction ainsi qu’avec votre cabinet.

Le 3 juillet, en séance plénière, vous répondiez à mon collègue Michel de Lamotte que vous envisagiez d’augmenter d’un demi-million d’euros la subvention annuelle de la Médiathèque afin de lui permettre de développer le téléchargement en ligne. Vous évoquiez également la possibilité, pour les bibliothèques, de bénéficier d’une prime lorsque des synergies auront pu être développées avec la Médiathèque afin de couvrir les frais supplémentaires induits par ce type de collaboration.

Récemment, la presse nous annonçait que les discussions concernant l’avenir de la Médiathèque avaient repris.

Madame la ministre, où en sont les discussions entre les syndicats, la direction et votre cabinet ?

Êtes-vous arrivés à un accord ? Un calendrier des réunions a-t-il été établi ?

Sachant que l’actuel contrat-programme expire le 31 décembre, les négociations pour le nouveau contrat-programme ont-elles commencé ?

Quelles propositions nouvelles avez-vous mises sur la table ?

La plate-forme de téléchargement rencontre-telle du succès ? Peut-on estimer que ce service sera financièrement viable ? Quelle est la part réelle qui revient à la Médiathèque sachant qu’un téléchargement coûte en moyenne 0,99 euro à l’usager ?

À propos des synergies envisagées avec les bibliothèques, pouvez-vous me dire si une subvention supplémentaire leur sera accordée ? Dans l’affirmative en connaissez-vous déjà le montant ?

Mme Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l’Audiovisuel.

Le 28 juin dernier, suite au vote de l’assemblée générale de la Médiathèque, un rapport d’intention de procéder à une restructuration prévoyant un licenciement collectif a été déposé au conseil d’entreprise.

En vue de mettre en oeuvre la phase initiale de la procédure dite « Renault », qui prévoit une consultation du conseil d’entreprise, des réunions ont été organisées entre la direction de la Médiathèque et les représentants du personnel. J’ai reçu à mon cabinet la délégation syndicale à plusieurs reprises. Mon directeur de cabinet a été invité au conseil d’entreprise afin d’assurer un maximum de transparence et de concertation dans les discussions pour pouvoir dégager des solutions constructives.

Ces discussions ont repris après les vacances, au rythme de deux réunions par semaine. Elles visent à permettre à la direction de présenter le plan de restructuration, les raisons des pertes d’emploi, leurs critères, le nombre de départs, les catégories de travailleurs touchés, la période prévue et la méthode de calcul des indemnités spéciales de licenciement. Une assemblée générale du personnel s’est tenue le 20 septembre dernier en vue d’examiner certaines propositions de la direction dans le cadre de la procédure « Renault ».

Le personnel de la Médiathèque a ainsi décidé d’exiger de la direction un audit sur le fonctionnement de l’asbl. Cette demande reflète une crise de confiance du personnel envers sa direction. Grâce à la transparence et à la collaboration dont la direction fait preuve, il ne me semble pas qu’elle doive être mise en cause. Malgré les difficultés rencontrées, elle espère pouvoir clôturer prochainement cette première phase de la procédure « Renault». Le dossier devra ensuite être communiqué à l’assemblée générale de la Médiathèque pour accord du licenciement collectif.

Par contre, les négociations du contrat programme sont en cours depuis plusieurs mois et se passent dans un climat constructif. Le sérieux des propositions de la Médiathèque nous a permis de nous entendre sur les grandes lignes directrices du prochain contrat programme. Comme je l’ai expliqué au parlement en juillet dernier, plusieurs mesures concrètes viendront renforcer ses moyens et ses missions.

Je souhaite ainsi développer deux nouvelles priorités de service public : il s’agit, en premier, de l’éducation et de la sensibilisation du public, et, en second, du téléchargement en ligne de catalogues musicaux et audiovisuels. Le contrat programme s’attachera à optimaliser les connaissances et les compétences du personnel de la Médiathèque qui doivent, plus que jamais, être mises au service du public. Cette priorité rejoint ma politique générale dans laquelle, je m’attache à mettre en évidence la transmission des savoirs et la sensibilisation à la culture, comme l’éducation aux formes artistiques.

C’est dans ce cadre que la Médiathèque désire changer ses centres de prêts en de nouvelles structures privilégiant le public, la convivialité et l’information.

De même, la plate-forme de téléchargement est une orientation que privilégie la Médiathèque pour faire face aux nouveaux défis. Cependant, elle ne connaît pas encore le succès escompté.

En effet, il n’y a pas encore un an qu’elle existe et il a fallu étayer le catalogue des titres proposés et négocier les droits avec les producteurs par des contrats de licence.

Selon la Médiathèque, le nombre de plages proposées est passé de trente à deux cent mille cet automne. De plus, il a fallu expérimenter ce service afin d’optimiser son fonctionnement. Il s’agira aussi de faciliter son accès aux usagers. Les conditions nécessaires pour offrir au public une plate-forme attractive n’ont pu être atteintes que progressivement.

La Médiathèque m’a donc informée de son intention de réaliser une campagne de communication cet automne. Cela devrait marquer le vrai démarrage de cette plate-forme et déterminer le potentiel que représentera ce nouveau service.

Enfin, il faut souligner que cette plate-forme de téléchargement entend se distinguer des offres commerciales qui abondent sur le Net.

Afin de garantir la diversité culturelle sur la toile, j’ai donc décidé d’accorder à la Médiathèque une augmentation de subvention d’un demi-million d’euros. Comme je vous l’avais annoncé en juillet dernier, j’examine aussi la possibilité de permettre aux bibliothèques de bénéficier d’une prime pour le développement de synergies avec la Médiathèque, afin de couvrir les frais supplémentaires de cette collaboration. Cette mesure vise également à prévenir la disparition des collections de la Médiathèque et permettrait d’éviter la perte de vingt équivalents temps plein.

La prime sera calculée en tenant compte des perspectives budgétaires de la Communauté française et des coûts de ces collaborations. Les premières discussions sont en cours, notamment avec la Ville de Verviers. Elles nous permettront d’appréhender des cas concrets.

La situation de la Médiathèque nous oblige à rester vigilants. Nous devons trouver des solutions durables dans un environnement en constante évolution.

J’entends lui donner les moyens nécessaires, tant à sa direction qu’à son personnel pour qu’ils puissent poursuivre l’action – entamée il y

a plus de cinquante ans – proposant des collections de qualité qui donnent au public le goût de découvrir la richesse et surtout la diversité de toutes les cultures. Je prends en compte toutes les pistes, y compris celles suggérées par les représentants du personnel. Le nouveau contrat-programme contiendra des éléments budgétaires pour aider la Médiathèque à franchir un cap difficile et pour lui insuffler un nouveau souffle.

M. Carlo Di Antonio (cdH).

L’apparition du numérique incite les usagers des médiathèques et des bibliothèques à modifier leur comportement.

Les primes évoquées par la ministre seront donc bienvenues pour aider les bibliothèques. Il faut en tout cas soutenir la Médiathèque dans la période difficile qu’elle traverse.