M. Carlo Di Antonio (cdH). – Je partage bien entendu l'émotion de mes Collègues et ce, d'autant plus que 125 travailleurs de VW Forest proviennent de la commune de Dour. Mes Collègues ont évoqué ce qui pourrait être fait pour atténuer cette catastrophe. La procédure Renault va d'ailleurs être mise en route et le processus va suivre son cours. Néanmoins, il est urgent d'activer les cellules de reconversion tout en veillant à une bonne juxtaposition des mesures avec le Pacte des générations du Fédéral.

Les réponses apportées par les trois Régions pourraient être différentes. Il est dès lors de notre devoir de veiller à une bonne collaboration pour que le traitement soit le plus homogène possible. J'attire également l'attention sur la nécessité de ne pas doublement pénaliser des personnes qui vont se trouver dans une situation dramatique, en leur faisant perdre leurs droits en matière de prépension. Dans ma région, 28 % de la population active est au chômage. Il sera assez difficile comme cela, pour ces personnes, de retrouver du travail.

Enfin, pouvez-vous nous dire, Monsieur le Ministre-Président, quel sera l'ensemble des mesures d'accompagnement prévues dans ce dossier ?

M. Elio Di Rupo, Ministre-Président du Gouvernement wallon. – Le Gouvernement constate que le comportement des décideurs du groupe VW est sauvage, brutal et choquant. Dans la décision cynique de procéder à des licenciements massifs, nous ne trouvons aucun respect de la personne humaine. Nous sommes confrontés à une logique économique qui vise à regrouper des activités de fabrication à des échelles plus grandes afin d'augmenter les profits. Et cette décision a été prise alors que le site de Forest est parmi les plus rentables d'Europe au sein du groupe VW. Il s'agit là d'une application dramatique du concept de maximalisation du profit.

Mes Collègues de l'opposition ne m'en voudront pas, si je n'ai pas envie de faire des commentaires sur certaines remarques formulées à cette tribune ; je pense qu'il y a lieu de dépasser, dans pareilles circonstances, des attaques partisanes, voire personnelles.

Le Ministre Marcourt et moi-même sommes en contact permanent avec les différents acteurs de ce dossier, en particulier avec les représentants des travailleurs.

Nous avons suggéré au Premier Ministre de réunir les Ministres de l'Emploi et de la Formation afin de dégager un point de vue commun et des modalités d'actions communes dans ce dossier. À titre personnel, en tant que Ministre-Président, je suis en contact permanent avec le Premier Ministre, que je soutiens dans son traitement du dossier.

Quant à la gestion de ce drame, il convient d'agir en deux phases au moins : dans un premier temps, il y a lieu de réduire le nombre de licenciements. C'est ce que nous tentons de faire pour le moment. On nous dit que, pour 2009, d'autres modèles pourraient être traités sur le site de Forest. La décision du groupe est peu claire quant à la gestion de l'ensemble des sites en Europe. Si Forest pouvait conserver un volume de production et d'assemblage des véhicules avoisinant les 160.000 voitures par an, la gestion de ce drame humain pourrait être différente.

Les contacts sont établis. Je mentirais, si je disais qu'avec les autorités de Volkswagen, les contacts sont faciles. Mais ils existent et des rencontres personnelles vont avoir lieu, à l'initiative des décideurs politiques (et notamment le 1er Ministre) et des syndicats.

Un mot encore sur la première phase : un certain de nombre d'écueils sont à éviter. Il s'agit de ne pas tomber dans le piège d'un combat politicien : il est, en effet, dérisoire de se chamailler lorsque c'est l'emploi de 12.000 travailleurs qui est concerné.

L'autre écueil est la communautarisation du dossier :

  • d'une part, il ne faut pas oublier que les travailleurs de Volkswagen Forest proviennent des trois Régions du Pays (on estime qu'environ 38 % des travailleurs de Volkswagen Forest ont une origine géographique en Wallonie) ;
  • en outre, il convient d'éviter un conflit entre pays : certes, on peut ressentir une certaine incompréhension, voire même de la rage, face à la perspective de la délocalisation. Dans ce contexte, certains ressentiments peuvent voir le jour à l'encontre de nos voisins et, notamment, en direction de l'Allemagne. Une telle attitude est à proscrire car elle réduirait toute possibilité de dialogue constructif.

Pour ce qui est de la deuxième phase, une fois que la procédure Renault sera enclenchée et qu'on y verra plus clair sur les possibilités réelles de l'entreprise, il faudra que chacun assume ses responsabilités. Plusieurs Collègues ont indiqué la voie à suivre. Celle-ci comprend les initiatives suivantes :

  • les Ministres concernés vont travailler de façon permanente avec les syndicats ;
  • nous allons rencontrer les patrons des entreprises qui sont en recherche de main-d'oeuvre ;
  • une collaboration va être instaurée de façon effective, à la fois entre les Ministres de l'emploi et du travail des trois Régions et entre le FOREM, l'ORBEM et le VDAB ;
  • enfin, on mettra sur pied des cellules de reconversion et d'accompagnement des travailleurs.

Notre responsabilité consiste à nous occuper des travailleurs qui doivent, en ce moment, traverser une période de désarroi. Nous devons notamment leur adresser le message que, modestement, là où nous sommes, en tant qu'élus qui les représentons, nous nous occuperons d'eux.

38 P.W. - C.R.A. 5 ( 2006-2007) - mercredi 22 novembre 2006