LA LIBRE BELGIQUE

Paul Piret

Mis en ligne le 08/02/2006

La question est remontée à l'ordre du jour du Parlement wallon. La réponse n'est pas évidente. Au fait, les Régions sont-elles compétentes?

On crut d'abord à l'une de ces nombreuses suggestions de parlementaires qui sont vouées à la trappe. Mais pas pour celle-ci. Déposée en mars 2005, la proposition de résolution (113/1) du député wallon (CDH) Carlo Di Antonio «visant à interdire la distribution de sacs d'emballage en plastique jetables» est parvenue à remonter à la surface. La commission de l'Environnement du Parlement wallon va même, jeudi, procéder à ce à quoi les assemblées ont de plus en plus recours chaque fois que se pose une question controversée, qui «parle aux gens» et qui échappe à «l'encadrement» du gouvernement: des auditions.

Il faut dire, le coalisé PS a saisi le caddie au bond. En juillet, Joëlle Kapompole et consorts ont déposé une proposition de résolution «visant à tendre vers une disparition des pratiques de consommation des sacs en plastique jetables». Des différences entre les deux textes, l'essentiel apparaît dès les intitulés. Ici, on veut encourager les consommateurs à ne plus utiliser les sacs en plastique jetables; là, on vise l'interdiction (précisément, interdire la distribution aux caisses des magasins à l'échéance 2007).

L'angle d'attaque n'est d'ailleurs pas tout à fait le même. C'est d'abord l'aspect environnemental qu'aborde la proposition socialiste: «Ces sacs aboutissent régulièrement dans la nature et nécessitent des centaines d'années pour se décomposer, alors que leur durée d'utilisation moyenne est d'à peine 20 minutes», explique la députée Kapompole. Le député Di Antonio, lui, part du comportement du consommateur: «Ce qui m'intéresse, c'est la valeur d'exemple. Le comportement du «Je prends je jette» me paraît au moins aussi problématique que l'aspect déchets.» Ce qui, du reste, lui ferait préférer bien plus les emballages durs (type casier plastique) que les jetables biodégradables.

200 sacs par Belge et par an

S'agissant de nuances politiques, on ajoutera que le MR se sent proche de la proposition PS, tandis qu'Ecolo juge l'une comme l'autre insuffisantes au regard du problème des emballages en général. Une position que ne serait pas loin de partager le ministre (CDH) de l'Environnement, Benoît Lutgen. Lequel, surtout, s'interroge sur les compétences régionales exactes.

C'est que l'aspect institutionnel du dossier est tout sauf clair.

En gros, on peut dire que le fédéral est compétent pour les normes des produits, disant les sacs autorisés ou pas; mais que la Région, compétente en gestion des déchets, pourrait en interdire le rejet... Ce n'est pas pour rien qu'il s'agit ici de propositions de résolutions (on invite) et pas de décrets (on légifère); et que l'une comme l'autre se réfèrent à une coopération entre les régions.

Reste que le problème existe. Même si les comportements des grandes surfaces (ci-contre) et des consommateurs évoluent vers le réutilisable, le Belge «consomme» encore environ 200 sacs plastiques par an, dont il ne se sert le plus souvent qu'une seule fois. «Soyons précurseurs», insiste M. Di Antonio, prêt à renoncer à sa suggestion d'interdire si des accords d'incitation entre autorités et distribution arrivaient au même résultat.

© La Libre Belgique 2006