M. Carlo Di Antonio:

Cinq rencontres thématiques ont déjà été organisées dans le cadre des états généraux de la culture. Si ces rencontres permettent de découvrir les dysfonctionnements du secteur, elles sont aussi l’occasion de repenser la culture.

Parmi vos objectifs, je vois, madame la ministre, que vous apportez une attention toute particulière à garantir l’accès, tant géographique que social, à la culture. Le cdH est très attentif à ce thème et en fait une priorité. J’apprécie donc votre motivation à atteindre ce but, d’autant plus que de nombreuses associations travaillent déjà dans ce sens en Communauté française.

C’est notamment le cas de l’association « Article 27 » qui vise à garantir l’accès à la culture pour les personnes bénéficiant de l’aide sociale du CPAS ou d’une aide à l’insertion sociale. Cette accessibilité socioéconomique semble aussi être au cœur des préoccupations des intervenants aux états généraux, plusieurs d’entre eux ayant déjà souligné l’importance de garantir l’accès de la culture à tous.

Dès lors, madame la ministre, j’aimerais savoir si une rencontre va être organisée sur le thème de l’accès à la culture.

Mme Fadila Laanan, ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse:

Je voudrais attirer l’attention de M. Walry sur le fait que la gratuité des musées est à l’étude et fait l’objet d’une réflexion globale portant notamment sur la pertinence du jour d’accès gratuit aux musées.

La notion d’accès à la culture est, par définition, transversale et trouve donc sa place dans les différentes rencontres thématiques qui seront organisées et qui constituent la première phase des états généraux de la culture. Cette notion sera examinée plus spécifiquement lors de la seconde phase, lorsque les rencontres seront plus transversales et intersectorielles.

Je crois pouvoir rassurer les intervenants sur l’intérêt qu’il y a à intégrer cette question de l’accès au sein des débats, rencontres et échanges qui auront lieu dans le cadre des états généraux de la culture. En effet, dans la note de base diffusée largement sur le site Internet www.forumculture.be et qui vous a été envoyée par courrier, le dixième objectif est consacré à cette question. La note de base aborde même plus précisément la garantie de l’accessibilité géographique et socioculturelle.

Il est évident que les habitants des grandes villes en général et de Bruxelles en particulier bénéficient d’une offre culturelle bien plus importante que les habitants des espaces ruraux. Les fonctions urbaines conduisent à cette réalité et il serait dangereux pour nos villes de disperser outre mesure l’ensemble des fonctions culturelles hors les murs. Pourtant, la question de la couverture du territoire, en termes d’institutions comme en termes de diffusion, reste d’actualité.

Il faut distinguer les solutions liées à des politiques de proximité, qui s’articulent essentiellement autour d’une responsabilisation contractuelle (contrats culture, contrats de pays, centres culturels locaux et régionaux) ou d’organismes en charge de missions de service public (lecture publique, centres de jeunes,. . ..), ceux-ci nécessitant une large décentralisation. Les états généraux sont aussi l’occasion de repenser la décentralisation de la diffusion des opérateurs majeurs pour garantir un accès plus aisé aux productions de qualité dans l’ensemble du territoire de la Communauté.

La réalisation d’une cartographie culturelle complète devrait dans ce contexte permettre la mise au point d’un dispositif de régulation pensé sectoriellement, intersectoriellement et territorialement. Établir une planification prospective, penser des moratoires, fixer des obligations de coopération ou de diversification des organismes les uns par rapport aux autres seraient des pistes à envisager. Il serait souhaitable d’analyser si les contrats culture – dispositif expérimental – apportent une réponse satisfaisante à cet égard.

L’accessibilité n’est pas seulement géographique, elle est aussi socioéconomique, voire socioculturelle. L’enjeu sera donc de définir les moyens de garantir celle-ci au travers d’outils comme la politique des prix, y compris les produits culturels comme le livre, les horaires, les transports, etc. L’enjeu sera de définir les moyens de garantir celle-ci au travers d’outils qui permettent de se soucier de l’équité, de l’accessibilité pour les personnes handicapées. Le danger serait de réduire les difficultés à un problème d’accès à la consommation culturelle sans envisager aussi les conditions d’accessibilité à la pratique culturelle.

Certaines idées ne pourront vraisemblablement pas trouver de solution dans le seul champ des compétences de la Communauté française et nous devons donc nous consulter avec nos amis néerlandophones pour rencontrer ensemble le niveau fédéral afin de pouvoir envisager des suites à cette question.

M. Carlo Di Antonio:

Effectivement, ces débats peuvent être abordés dans toutes les rencontres thématiques. Pour avoir assisté à plusieurs réunions, je sais comment elles se déroulent et combien il est difficile d’axer le débat sur l’accessibilité.

Je crois qu’il vaut vraiment la peine de mener la discussion tous secteurs confondus, notamment sur les problèmes d’accessibilité géographique et financière, par exemple des festivals.

Cela vaudrait la peine d’organiser une réflexion soit en commission, soit dans le cadre des États généraux. Je vous fais confiance pour trouver la bonne formule.